Bienvenue dans les châteaux du Pessac Léognan : le circuit touristique

Publié le : 17 juin 20225 mins de lecture

LE CIRCUIT POURRA ÊTRE ABORDÉ de deux façons différentes: en visitant d’abord les propriétés totalement enclavées dans la banlieue bordelaise; ou en attaquant la promenade après la sortie (18) de la rocade, à Bouscaut, dans une zone restée encore relativement rurale. La première solution permet de découvrir des crus prestigieux, seuls les plus célèbres ayant pu résister à la pression urbaine. Par la barrière de Pessac et la route d’Arcachon, vous pénétrez dans la commune de Talence. En dépit de son paysage aujourd’hui complètement citadin, celle-ci a tenu une grande place dans la renaissance vinicole du troisième tiers du xxe siècle. Quand vous passerez devant la grille de la faculté des sciences, songez que c’est grâce à son institut d’œnologie (aujourd’hui faculté à part entière) et à des chercheurs comme Jean et Pascal Ribére au Gayon, Émile Peynaud, Seguin ou Denis Dubourdieu qu’ont été réalisées les grandes avancées dans les techniques de vinification.

Plus loin, après l’entrée dans la ville de Pessac, le décor change subitement. Les constructions laissent la place à de grands vignobles gardés derrière des grilles comme d’immenses parcs urbains. Vous arrivez au château Haut Brion** y Beau manoir des xvle et xvllesiècles bâti sur une croupe de graves entre vignes et parc, ce domaine viticole forme une véritable île au milieu des lotissements et résidences. Construit grâce aux revenus du vignoble, c’est le premier vrai château du vin en Bordelais. Son importance et son classement tiennent à l’excellence de son terroir mais aussi à son rôle dans l’histoire vinicole.

La famille de Pontac – des parlementaires bordelais – le reçoit par dot en 1525 et transforme le domaine en un vignoble de grande qualité en regroupant les meilleurs terrains du secteur. Le résultat est un vin au «bon goût très particulier » (Samuel Pepys). Il ne reste plus qu’à le faire connaître. C’est la mission qui est confiée par son père à FrançoisAuguste. Il est envoyé à Londres à la fin du XvIIe siècle pour créer une taverne « Pontac’s Head », littéralement «à l’Enseigne de Pontac». Mi-épicerie fine, mi-restaurant de luxe, ce bar à vins avant la lettre assure la promotion des vins de la famille, ses clients étant Daniel Defoe, Jonathan Swift et John Locke.

Après être passé aux mains de Talleyrand et d’Eugène Larrieu (banquier et préfet de la Gironde), Haut-Brion est, en 1855, l’un des quatre premiers crus classés, aux côtés de Lafite, Latour et Margaux. Vendu par les Larrieu en 1922, Haut-Brion est acheté par un riche banquier new-yorkais Clarence Dillon, en 1935. II appartient aujourd’hui à sa petite-fille, la duchesse de Mouchy. Reprenant la tradition d’innovation des Pontac, les Dillon et Mouchy ont su aller de l’avant en s’appuyant sur de fortes personnalités, comme Émile Peynaud, oenologue conseil, ou Jean-Bernard Delmas, directeur.

De l’autre côté de la route d’Arcachon, sur l’avenue Jean-Jaurès, le château La Mission Haut Brion doit son nom à son passé religieux, le domaine ayant été créé au xvI,e siècle par Olive de Lestonnac qui le légua aux Lazaristes. Il a bénéficié de l’action entreprise par Henri Woltner qui le posséda de 1921 à 1974. II créa notamment, en 1928, un cru spécifique, le château Laville-HautBrion pour dédier au blanc une parcelle dont il jugeait le sol trop lourd pour le rouge. Tout comme Haut-Brion, le domaine a su non seulement résister à l’urbanisation mais même en tirer un avantage en gagnant 1 °C de température.

Par l’avenue Jean-Cordier et la rue de la Paix, vous arrivez à l’un des crus les plus prestigieux du Bordelais: le château Pape Clément*. En dépit de son architecture éclectique (néogothique et classique) du xixe siècle, c’est un domaine qui remonte au Moyen Âge et fut pendant des siècles la propriété des archevêques de Bordeaux. Selon la tradition, il aurait était offert en cadeau par son frère au futur pape Clément V, Bertrand de Goth, lors de sa nomination à l’archevêché de Bordeaux en 1299. Grâce à ses sols de sables et graves reposant sur un sous-sol riche en bancs d’alios et à d’importants investissements, réalisés depuis l’arrivée de Bernard Magrez dans le capital, son vin (rouge) est très représentatif du style pessac par son équilibre parfait entre la puissance et l’élégance.

Pour plus d'informations : Château Pape Clément

Château Pape Clément

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