Aix en Provence, ville d’eau
Une carte postale ou une ville à vivre ? Les deux à la fois. Aix-en Provence aime se distinguer de la populaire Marseille comme de la touristique Avignon. S'affirme discrète, fait admirer ses hôtels à l'italienne, ses cours secrètes, ses placettes charmeuses. Avec son cours Mirabeau aux terrasses ombragées de platanes, ses façades ornées de caryatides, ses clochers couverts de ferronneries, elle se livre, telle une oeuvre d'art, sachant se faire lascive. Pour lui rendre hommage, quelques clés : visitez le baptistère de la cathédrale Saint-Sauveur, admirez l'hôtel de ville avec son répertoire baroque, puis flânez place Richelme pour son marché parfumé, rue Méjanes pour ses boutiques. Avec ses musées - Granet et ses Cézanne, Arbaud et ses faïences, celui du Vieil Aix et sa façade chantournée-, ses demeures Grand Siècle, son noble quartier Mazarin, son palais archiépiscopal, qui attire le festival de musique, et, tout à la fois, son air de ne pas prendre la pose de sa richesse, Aix séduit. Elle possède, en outre, quelques perles hôtelières qui donnent envie de résider en ville avec l'illusion d'être à la campagne.
En vedette ? La Villa Gallici, rêvée par trois stylistes esthètes, qui ont rénové une maison à l'abandon. Reprise par les Polito, qui possèdent la chaîne Baglioni en Italie, elle a su conserver son âme aixoise, chic et discrète. Les chambres et les salons, pourvus de mobilier ancien, semblent attendre une prise de vue pour un magazine de déco. C'est ici, sur la terrasse qui donne l'illusion d'être déjà dans une campagne à la Cézanne, qu'Aix l'aristo prouve qu'elle figure la Provence côté Sud. Elle ne se contente pas d'avoir du style, elle a du chic, une certaine manière de se tenir sans omettre de jouer la gourmandise.
A deux pas de la Villa Gallici, le Clos de la Violette, la grande table de JeanMarc Banzo, joue la star tranquille. Mais Yamato, La Rotonde, Antoine Côté cour, Chimère Café ou Le Formal assurent aussi. L'allure aixoise n'est pas dans le tapage. Elle est provençale sans être hâbleuse, possède l'accent, chante avec sobriété, bref, demeure elle-même.
Le meilleur souvenir à emporter de la ville, outre les images volées à Cézanne, sur la route de la Sainte-Victoire? Une boîte de calissons. Chez Paru, derrière la boutique 1880, on a conservé l'atelier d'antan. Les melons confits parfument la pâte d'amandes broyée, garnie de glace royale, pourvue d'une hostie.
La légende veut que le pâtissier de René I" ait inventé le calisson à l'occasion du repas de noces du roi avec Jeanne de Lavai. Mais le curé d'une petite paroisse aixoise, vers 1630, expliquait aux fidèles que le calisson avait le pouvoir de guérir la peste. Il prononçait la formule rituelle:» Venite ad calicem. Cette pieuse gourmandise est le symbole d'Aix: conservatrice avec amour, elle demeure provençale jusqu'au bout de ses traditions.